Par solidarité avec le collectif de paysans et d’exploitants de Notre-Dame- des-landes (l’ACIPA), le syndicat des paludiers, affilié à la Confédération Paysanne, a organisé jeudi 15 mars dernier à Clis une soirée débat. Le président, David Cholon, explique que cette réunion a lieu « afin d’informer les gens pour deux raisons, par solidarité avec nos collègues de NDDL et parce que sur la presqu’ile nous estimons qu’il n’y a pas ou peu de présentation du projet. Nous souhaiterions réfléchir un peu ensemble sur l’impact de ce projet ». Ainsi, trois membres de l’ACIPA ont été invités pour présenter le projet. Michel Tarin a exposé plusieurs points concernant les études des porteurs du projet et les propositions de l’étude du cabinet indépendant. (ils sont disponibles ici : http://www.media-web.fr/une-etude-independante-remet-en-cause-le-projet-nddl-24-35-582.html
La soirée a suscité un grand débat constructif après l’explication point par point proposé par les membres de l’ACIPA. Les trois représentants ont souligné également qu’ils accueilleront du 7 au 11 juillet 2012 le Deuxième Forum Européen Des Grands projets Inutiles. Le premier s’était tenu en 2011 en Italie.
Pendant le débat, les questions fusent « Qu’en est-il de l’accord EELV/PS sur le projet Notre Dame des Landes ? », une militante d’EELV répondra que l’accord stipule noir sur blanc les points de désaccord que sont NDDL et le Nucléaire. Michel Tarin expliquera « Les élus d’EELV à la région ont toujours eu un comportement déterminé contre le projet, ils l’ont toujours dénoncé ! ». Au niveau de la région, EELV a voté une aide de 15 000 euros pour financer l’étude du CeDpa. Le parti de gauche soutient également l’ACIPA nous apprendra un militant du Parti de Gauche. Néanmoins, un paysan membre de l’ACIPA présent pour parler de son expérience souligne « Nous sur le terrain, nous avons eu l’impression d’avoir été sacrifiés pour un accord politique quand le projet commençait à prendre de l’ampleur au niveau national ! Nous, on est dans le brasier, et tous les jours ! Il faudrait mettre les affaires au clair, car on n'avait demandé à personne de mettre la barre si haut comme les politiques l’ont fait en juillet dernier ! Il faut quand même avoir la rigueur de l’analyse car au sein d’EELV il y a eu une cassure et maintenant faut la réparer. Et nous, nous devons digérer ce couteau dans le dos ! ».
Michel Tarin ajoute que « Jean Luc Mélenchon nous soutient au Parti de Gauche, il nous a reçus deux heures lors de sa dernière venue à Nantes. Mais par contre dans le Front de gauche, nos élus communistes de Loire-Atlantique ne sont pas du tout avec nous ! ». Il continue en disant qu’il ne faut pas oublier le comité d’élus qui sont contre le projet : le CeDpa. À l’intérieur, on retrouve des gens du Front de gauche, du PS, d’EELV, du Modem. Bizarrement, aucune citation concernant l’UMP ! « En tant qu’élus on se doit d’analyser les choses correctement. Je ne comprends pas comment on peut faire aujourd’hui un tel aéroport au regard de toutes les fautes mises en avant. Ceux qui veulent faire cet aéroport devront nous chasser de nos terres car nous n’avons pas l’intention d’abandonner. Et c’est bien les politiques qui devront prendre la décision, ce ne sont pas les CRS qui nous foutront en l’air ! » affirme avec ferveur Michel Tarin.
L’origine du projet date de 1973, il était porté à l’époque par le maire de Saint-herblain, le gaulliste Michel Chauty. Mis en sommeil pendant quelques années, il est ressorti en 2000 lors de l’accident du Concorde. Un concours de circonstances entre Jean marc Ayrault et Lionel Jospin a permis de créer une ZAD (Zone d’Aménagement Différé) pour faire le futur le troisième aéroport parisien. Même André Trillard, sénateur UMP de Loire Atlantique et maire de Saint-Gildas-des-bois, a dit aux membres de l’ACIPA « Si la ZAD n’avait pas été mise en place avec ses 860 ha de terrain, on n’aurait même pas pensé faire un aéroport au regard des difficultés de procédure pour exproprier les gens ».
Une autre personne de la salle intervient pour signaler qu’il s’agit d’une idéologie politique et économique qui consiste à dire que la croissance sauverait une société. Effectivement, les sempiternels arguments mis en avant pour défendre la croissance économique, malgré les dégâts évidents, sont celui du progrès technique, de l’utilisation des énergies renouvelables… À ce propos Jean Marc Ayrault a souligné que NDDL serait le premier aéroport HQE !
Michel Tarin ajoute que « Pendant que les collectivités votaient tout le budget de ce projet, elles hurlaient toutes en même temps contre l’État qui restreignait les budgets ! C’est quand même dingue ! Jean Marc Ayrault, on ne l’a entendu qu’une fois car il fuit toujours le débat. Nous n’avons pas pu discuter avec les élus. Alors on signe des chartes tous les jours sur l’environnement, sur l’agriculture mais ce ne sont que des foutaises ! Il faut pour eux que l’ouest avec Nantes rivalisent avec les autres capitales européennes ».
Il dénonce ici l’aberration du système qui vise à réduire pour certaines associations qui font du bien à la société, leur subvention et donc leur budget de 7 % alors que les collectivités mettent de l’argent dans le projet NDDL. On apprend aussi qu’en Espagne, l’État a construit un aéroport par grande région, aujourd’hui il y en a cinq fermés. Avec l’évolution du prix de l’énergie, toutes les compagnies sont en train de fermer. Il existe bien évidemment des accords publics/privés entre Vinci, l’État et les collectivités locales qui stipulent que si une partie se désengage, elle devra des pénalités à l’autre. Michel Tarin souligne « On sait une chose aujourd’hui, Vinci, qui détenait la concession de l’aéroport de Brive-la-Gaillarde quand il a été construit, est parti en 2005 prétextant qu’il n’y avait plus de trafic. Et bien la société a quitté le bateau sans indemniser les collectivités ! Au motif que l’étude avant construction avait été faite par un syndicat mixte et non pas un cabinet indépendant. C’est la même chose aujourd’hui pour NDDL ! ». À Brive-la-Gaillarde, maintenant, c’est le conseil général qui paye la facture. Une compagnie low-cost fonctionne pendant quatre mois l’été pour amener les Anglais en Dordogne avec 270 000 euros du conseil général.
« Les mêmes combats mènent aux mêmes victoires, car quand le peuple s’accroche le peuple gagne ! »
Sur le terrain toutes les terres sont cultivées, cette année sera décisive pour les paysans du bassin de NDDL. Le paysan présent explique « Sur 40 exploitations il reste une dizaine de personnes pour aller à l’expropriation. C’est plus facile de résister en tant que propriétaire qu’en tant qu’exploitant. Jusqu’à aujourd’hui, tous ont décidé de rester paysans. Les paysans sont constamment interpellés par l’organisme chargé des expropriations, cela ne les dérange pas de venir chez nous le samedi ! Pour les propriétaires, le processus a démarré et on a reçu une ordonnance mi-fevrier, on a deux mois pour se pourvoir devant un tribunal ». Le juge des expropriations n’a pas été empêché de faire son travail. Et pourtant il s’est déplacé à chaque fois avec l’armée. À chaque passage, les propriétaires et exploitants se sont mobilisés de façon pacifiste. Ils ont également demandé, par voie juridique, que l’armée soit interdite d’entrée dans les bâtiments d’élevage et les maisons.
Le 15 mars dernier, 25 dossiers de propriétaires ont été déposés pour se pourvoir en cassation contre l’ordonnance d’expropriation. Il y a 50 propriétaires qui se sont regroupés derrières deux avocats pour faire valoir leurs droits collectivement. Mais ce sont généralement des actions individuelles financées par les assurances de chacun.
Une personne demandera dans la salle si on connaissait le coût du déplacement du juge avec l’armée. L’agriculteur répondra « Le coût j’en ai rien à foutre, c’est un projet qui ne doit pas exister ! Aujourd’hui vous à Guérande, vous êtes un fleuron de la lutte. Vous avez réussi à sauver vos marais quand d’autres souhaitaient voir une rocade les traverser. Aujourd’hui vos adversaires politiques de l’époque vendent le sel de Guérande ! Ils en tirent profit avec le tourisme et ne s’en cachent pas ! » Il continuera expliquant que NDDL, qui possède 98 % de terres humides, sera peut-être une région prisée pour faire de l’élevage dans le futur au regard des modifications climatiques.
La situation officielle est de 85 dossiers individuels de vente à l’amiable sur 577 propriétaires recensés par les commissaires enquêteurs à l’étude de la zone parcellaire. La surface c’est 1 650 ha, il y a aujourd’hui encore 660 ha à acquérir en expropriation.
« Toutes les semaines on s’occupe des dossiers de propriétaires, pour avoir aujourd’hui 577 propriétaires depuis 1973 qui ne sont pas constitués en GFA (groupement Foncier Agricole), ce sont essentiellement des propriétés familiales. Le cabinet d’experts géomètres se pointe dans les maisons toutes les semaines pour nous menacer et nous dire que nous allons perdre de l’argent si on va au tribunal. Et bien ces gens-là résistent depuis tant d’années car ils refusent l’aéroport, ils tiennent encore le coup ! Et notre devoir à nous c’est de les soutenir ! »
Sur la presqu’île, Cap Atlantique finance le projet à hauteur de 2,3 millions d’euros, la Carène à hauteur de 2,9 millions. David Cholon souligne « Je suis sûr que certains l’ont voté sans rien connaître du projet. Pourquoi n’ont-ils pas débattu au sein des communes ? » Question à laquelle Michel Tarin apportera une réponse sans concession : « Il y a des citoyens qui ont pris conscience d’un tas de choses, pourquoi les élus n’ont-ils pas pris conscience de cela ? Il vivent avec nous pourtant ? Tous les élus de la région ont eu l’information, l’étude, le montage des porteurs de projet, ils ne doivent pas venir dire qu’ils n’ont pas été au courant ! ».
Une autre militante d’EELV dira que « Ce sont des choix politiques qui sont faits. C’est l’économie du vieillissement qui caractérise le SCOT de CapA. Ce sont des choix politiques, l’autre direction c’est le tourisme de luxe et d’affaires. Et pour cela, il faut arriver vite ici et repartir vite d’ici. NDDL est un avantage pour eux ». Une autre personne soulignera que c’est un débat qui gène et qu’on le refuse, que la démocratie ne fonctionne plus et que nos experts sont aujourd’hui des escrocs.
Un des membres de l’ACIPA ajoute « Quand chez nous, à NDDL, rien n’est possible de faire pour accueillir les travailleurs du projet, quelle révolution sociale cela va faire sur cinq ans ? Moi je dis Jean Marc Ayrault, tu les gardes chez toi ces gens-là ! Tu te démerdes avec tout ça ! Jean Marc Ayrault aujourd’hui que fait-il ? Il sort de la ville ce qui le dérange, il met tout vers l’extérieur ! ». Et quand dans la salle le débat devient encore plus politique il continue disant « Mettons Jean Marc Ayrault aux finances du pays, on verra ce qu’il y fait. L’État du pays aujourd’hui on ne le connaît pas car les politiques depuis toujours sont des menteurs, encore plus en période électorale. Quand demain ils seront dans leur fauteuil on verra ce qu’il reste dans les caisses de l’État. Qui paiera la note ? C’est moi avec ma retraite de paysan ? Et bien non ! Ils ne viendront pas nous faire une connerie à NDDL pour enrichir ceux qui dictent la politique ! Les actionnaires de ces multinationales ! ».
On note également que les porteurs de ce projet ont un allié de poids pour revoir le code de l’urbanisme. La chambre d’agriculture gère la mise en place de mesures environnementales sur les terres agricoles notamment les compensations de zones humides. Une zone encore floue dans la législation française. Cette même chambre d’agriculture censée aider les paysans ! L’équipe conclura le débat par dire que la voie juridique sera l’aspect fort des trois prochains mois qui vont s’écouler, la grosse carte à jouer est sur la prochaine étude sur l’eau.
Pour plus d’informations : http://acipa.free.fr/index.htm,
Synthèse des documents :http://acipa.free.fr/Savoir/savoir.htm
Le 14/08/2022 par Emma le retour dans
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