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250 ans après, la Bataille des cardinaux retrouve sa place dans l’Histoire

C’est un peu comme un mythe, un fait historique mal connu dont on devine qu’il a été important. En témoignent les vestiges que l’on expose de Pornic à Belle-Île. Le temps qui passe a bien failli l’effacer des mémoires. Mais c’était sans compter sur un collectif de passionnés, « 1759 – ABC », qui après avoir organisé un magnifique 250e anniversaire, vient de collecter l’ensemble des actes de conférences dans un numéro spécial des Cahiers du Pays de Guérande. Un ouvrage exceptionnel, une référence.

La Bataille des cardinaux, c’est un combat naval dont on a de la peine à imaginer l’ampleur et la virulence. Elle s’est déroulée le 20 novembre 1759 au large de la Pointe du Croisic et aux alentours de l’Île Dumet, sous canons rugissant rendant l’océan rouge sang. C’est l’un des épisodes les plus meurtriers de la Guerre de sept ans qui oppose la France et l’Angleterre : 2500 morts côté français, 300 marins disparus chez les Anglais, sept navires envoyés par le fond. Décimée, la marine française mettra plusieurs dizaines d’années à panser ses plaies, laissant les océans sous domination de la perfide Albion. Terrassée deux ans plus tôt à Saint-Cast (près de Saint-Malo), humiliée par l’Hermine bretonne soumettant le Lion britannique, l’Angleterre tient sa revanche et jette les bases d’un nouvel équilibre européen.
Ça s’est passé ici. De Pornic à Belle-Île, et plus particulièrement face à Guérande. Cet événement va profondément marquer la région, mais étrangement son souvenir va s’estomper dans les eaux troubles d’une Histoire sélective. On ne glorifie pas la défaite, c’est honteux. On tourne la page et l’on oublie. Fort heureusement, l’océan restitue avec le temps et la curiosité des hommes, canons et vestiges que l’on expose. La Bataille des cardinaux refait surface et se rappelle au bon souvenir de l’Histoire. Parfois inopinément, comme quand un bateau de dragage vient sortir de son sommeil éternel un vaisseau envasé. Des navires de guerre qui sont aujourd’hui considérés et traités comme de véritables sépultures où de nombreux marins sont encore à leurs postes.
Arrivent alors les passionnés, ceux qui veulent en savoir plus, ceux qui mettent tout leur cœur à replacer l’histoire dans l’Histoire, ceux qui souhaitent faire partager au plus grand nombre, ceux qui se mettent à l’ouvrage pour rendre hommage. C’est le cas de 1759 – ABC (pour 1759, Anniversaire de la Bataille des Cardinaux), présidé par Gilles Renaudeau, et auquel se sont joints entre autres, Josick Lancien, président des Amis de Guérande, Catherine Bailhache, adjointe à la culture de Guérande, Georges Nard, Georges Javel, Bernard Cambier et Marie-Chantal Boutet du Croisic. Avant eux, il y a bien eu des pionniers : Guy Le Moing notamment et surtout Pierre de la Condamine qui en 1959 a écrit un ouvrage sur la Bataille des cardinaux et y est revenu plus tard dans les publications des Cahiers du Pays de Guérande. Pas mieux côté anglais où un seul livre est référencé sur le sujet.
 

Le 250e anniversaire au Croisic

« Qu’est-ce que nous pouvions faire ? Nous avions des moyens limités mais des projets ambitieux. Le but, c’était d’organiser un événement majeur autour du 250e anniversaire de la bataille des cardinaux, au Croisic. Pour cela, il nous fallait éditer des supports et faire appel à des réseaux », se souvient Gilles Renaudeau. Et plusieurs étapes vont venir étayer la solidité du dossier présenté par 1759 – ABC : une exposition itinérante, une exposition d’archéologie marine à l’ancienne criée du Croisic avec de nombreux vestiges, un cycle de 21 sessions de conférences entre avril et novembre 2009, et enfin, la réalisation d’un livret avec le soutien de Cap Atlantique. « Il nous paraissait important d’éditer un ouvrage sur cet événement. À ce jour, nous en avons vendu plus de 1300 exemplaires et nous l’avons distribué dans les établissements scolaires de la Presqu’île », ajoute le président.
Mais le point d’orgue du travail accompli par le collectif, ce fut la cérémonie commémorative où l’on avait rarement vu un événement d’une telle ampleur sur la Presqu’île. La Marine Nationale était présente avec un dragueur de mines, un bataillon militaire et un groupe de musique des armées, des représentants de la légion étrangère britannique, l’ensemble de ce que la région compte comme élus, et bien d’autres. Une plaque du souvenir a été posée au Mont Lénigo du Croisic. « Personne n’y croyait vraiment, mais ensuite, au vu du travail accompli, les municipalités nous ont chaleureusement remerciés. Notre pari était gagné, on a réussi à replacer cet événement dans notre histoire commune », note Bernard Cambier.

De l’encre sur les actes

« On ne pouvait pas en rester là ! On ne voulait surtout pas que tout cela se perde et disparaisse à nouveau », lance Gilles Renaudeau. C’est pourquoi, le collectif de passionnés a décidé de rassembler tous les éléments, tous les actes de conférences présentés lors du 250e anniversaire (dans leur version originale) dans une édition spéciale des Cahiers du Pays de Guérande, édité par les Amis de Guérande. Ce fut un travail de longue haleine pour convaincre les conférenciers de fournir leurs documents. Et que dire de la mise en forme et de la mise en page par Alain Galicée !
Mais rien ne saurait freiner la motivation de 1759 – ABC. « On a tout de suite adhéré au projet ! Pierre de la Condamine avait déjà écrit un article dans les cahiers en 1972. Notre ancien président s’était beaucoup penché sur le sujet. C’est un clin d’œil que nous lui adressons », ajoute Josick Lancien.

L’association a édité ce très bel ouvrage, qui va désormais faire référence en la matière tant il est documenté et précis, à 500 exemplaires. Il fait 148 pages et est en vente dans les Maisons de la presse de la Presqu’île à 20 €. Il se décompose en cinq parties : 1 – La journée commémorative, 2- La Bataille des cardinaux, 3- Qu’est-ce qui s’est passé après la bataille ? Les conséquences, 4- Archéologie sous-marine sur le site de la Bataille des cardinaux, 5- Autour de la vie maritime du XVIIIe siècle.
La boucle semble bouclée pour 1759 – ABC. Mais le collectif de passionnés entend rebondir et se lancer vers d’autres moments de l’histoire, enfouis sous les sables du temps qui passe. Ainsi, sur le Plateau du Four, beaucoup d’événements se sont déroulés et beaucoup de vestiges sont à découvrir. Et la morale de l’histoire vient naturellement : avant de poser des éoliennes, avant de racler les fonds marins, en regardant vers le large, rappelez-vous et respectez ceux qui vous ont précédé. Dans la victoire comme dans la défaite, ces marins ont fait l’Histoire.

Auteur : YD | 25/11/2011 | 3 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 28 novembre 2011 à 12h34 par maison de la preese , Le Pouliguen
souhaiterais avoir votre livre dans notre maison de la presse ,merci de me contacter au 0240423132
#2 - Le 18 août 2017 à 08h40 par COUSTENOBLE, Puteaux
Bonjour,
comment puis je acheter le cahier sur la bataille des cardinaux ?
Merci
#3 - Le 09 février 2019 à 14h27 par Danion, SÉnÉ
Bonjour,
Descendant d’un prisonnier irlandais détenu à Guérande après la bataille pour travailler dans les marais salants, il a réussi à rapatrier sa famille, puis venir à Séné pour travailler le sel.
Je suis à la recherche de documents sur ces prisonniers, et leurs devenirs.
Avec mes remerciements, Henri DANION.

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